La France et l'Italie sont les seuls pays de l'Union européenne à maintenir une obligation vaccinale pour les enfants. Dans l'Hexagone, cela concerne la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Malgré cette contrainte, le taux d'immunisation dans la population générale, tous vaccins confondus, n'est pas meilleur que dans les pays voisins. « Faut-il mettre un terme à la vaccination obligatoire ? » C’est ce que se demande Pauline Fréour dans Le Figaro. La journaliste note que « la France et l'Italie sont les seuls pays de l'Union européenne à maintenir une obligation vaccinale pour les enfants. Dans l'Hexagone, cela concerne la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Malgré cette contrainte, le taux d'immunisation dans la population générale, tous vaccins confondus, n'est pas meilleur que dans les pays voisins ». « Un paradoxe [… ] qui a conduit le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) [… ] à appeler à une remise à plat de la politique française dans ce domaine », indique Pauline Fréour. La journaliste observe ainsi : « Rappelant [… ] que la vaccination reste «l'action de santé publique la plus efficace» de l'Histoire puisqu'elle a permis des gains spectaculaires en espérance de vie, le HCSP pointe plusieurs incohérences dans le système français. Dans l'hypothèse où des parents souhaiteraient protéger leur enfant contre les seules maladies tombant sous l'obligation légale, il n'existe plus de vaccins permettant de répondre à leur demande car les produits disponibles sont combinés avec d'autres vaccins non obligatoires (mais recommandés) ». Pauline Fréour ajoute que « la liste des vaccins obligatoires n'a pas été revue depuis… 1964 ». Le HCSP remarque que « certaines maladies pour lesquelles la vaccination est recommandée ont une mortalité comparable, voire plus importante, que celles des maladies pour lesquelles la vaccination est obligatoire ». Les experts relèvent que « l'hépatite B et les infections à papillomavirus humains (HPV) (vaccins recommandés, NDLR) sont respectivement responsables annuellement en France d'environ 1 300 décès par cirrhose ou cancer du foie pour le premier et, pour le second, de 1 000 décès par cancer du col de l'utérus ». Le Pr Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations, précise : « Nous ne prenons pas position en faveur ou contre l'obligation vaccinale, mais nous demandons à ce que le débat soit ouvert. Il s'agit d'une décision politique qui doit être prise en consultation avec la population civile ». Pauline Fréour livre la réaction de la Société française de pédiatrie (SFP), qui « soutient «à 100%» la proposition du HCSP ». De son côté, le Pr Jean-Louis Koeck, « responsable du centre de vaccination de l'hôpital d'instruction des armées Robert-Picqué à Bordeaux, et fondateur du site mesvaccins.net, plaide également pour une révision de la pratique actuelle ». Le praticien déclare que « l'obligation vaccinale est paradoxalement en train de devenir un obstacle à la bonne pratique vaccinale. En focalisant l'attention sur ces trois maladies, qui ne sont pas au cœur des inquiétudes en France, on perd des occasions de discuter des vrais problèmes, comme la rougeole ou le pneumocoque ». « Il faudrait faire passer l'idée qu'un vaccin “recommandé” est en réalité “indispensable”, à la différence de certains vaccins qui ne s'appliquent qu'à des situations et des vulnérabilités particulières - épidémies, population à risque…», ajoute le Pr Koeck. Anne Jeanblanc relève également dans Le Point que « le dispositif français [de vaccination ] doit être réorganisé. Le HCSP le juge "illisible, complexe et inégalitaire" et remet en question l'obligation vaccinale contre la diphtérie, le tétanos et la polio ». La journaliste estime que cet avis « risque de susciter bien des débats et des espoirs chez tous les opposants à la vaccination », ou encore observe qu’« aucun des nombreux vaccins ajoutés au calendrier au cours des dern ières décennies n'a été rendu obligatoire, alors qu'ils offrent une protection contre des maladies graves responsables de centaines de morts chaque année ». Anne Jeanblanc souligne en outre qu’« actuellement, le système libéral effectue 85% de toutes les vaccinations et l'offre publique de vaccinations "reste encore peu connue du grand public" en raison de la multiplicité de structures. De plus, elle est inégalitaire parce que l'offre gratuite varie d'un département à l'autre, d'une population à une autre et d'un vaccin à un autre, selon le HCSP ». « Le HCSP recommande donc la gratuité de tous les vaccins inscrits au calendrier vaccinal et l'homogénéisation de l'offre sur la base d'un statut unique des structures publiques de vaccination. Par ailleurs, la prise en charge devrait, selon lui, ne relever que de l'Assurance maladie », continue la journaliste. Anne Jeanblanc note enfin que « le HCSP préconise aussi d'amener le système libéral à se rapprocher le plus possible du principe de gratuité en favorisant le tiers payant ou en orientant les personnes sans assurance complémentaire vers les structures publiques de vaccination. Sera-t-il entendu ? ». Auteur : ANDREAS WERNER
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Octobre 2018
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